Et bien voilà, il n’y en a pas, il ne viennent pas, ne sortent pas de moi.
Les mots, mes mots.
Où sont-ils ?
Eux si prompts d’habitude à jaillir de moi, à se coucher en couleurs sur le blanc de mes pages se font absents, presque fuyants.
J’ai essayé de les attraper de force … faisant l’exercice de me mettre devant la page blanche « Voyons Virginie, tu as vécu tant de choses ces dernières semaines, tu as bien quelque chose à en dire ! » Nada.
Depuis le 19 février dernier, jour où j’ai posé le pied sur le sol de Cuba plus rien ne vient, enfin, plus de mots. Et pourtant, j’ai été touchée, chamboulée, bouleversée, traversée, émue, j’ai ressenti tristesse et joie, aussi profonde l’une que l’autre. J’ai ris, j’ai pleuré, dansé (oh oui !), mon coeur a débordé d’amour, j’ai connecté une histoire, un peuple. J’ai vécu à 100 à l’heure, profitant de chaque instant, rallongeant les jours et les nuits jusqu’à la dernière seconde. J’ai tant de ressenti en mémoire, d’images, de sons, de sensations. Suis-je vraiment revenue ?
Et puis le 5 mars, arrivée en France, Paris puis Bordeaux… je l’ai senti d’emblée ce décalage par rapport à cette réalité qui était mienne avant et dans laquelle je n’arrivais plus à m’inscrire à nouveau. Comme une mise en perspective, une incapacité à raconter ce que j’avais vécu, ce besoin viscéral de rester en lien avec ceux avec qui j’avais partagé ce voyage justement parce qu’à eux, je n’ai pas à raconter, ils savent.
Et puis quelques jours après, ce virus qui s’installe dans nos vies et change la donne, toute la donne. Et là encore, pas de mots. Ils me semblent vains, si petits, si dérisoires et pourtant. Quel autre moyen ai-je pour m’exprimer ? Rester en lien, essayer, je dis bien essayer, de sortir de moi ce qui s’y passe ?
Depuis toujours je parle, j’écris et je partage. Je donne de moi sous cette forme là. Je crois que je suis passée par une phase de silence comme on inspire avant d’expirer. D’abord j’ai lu, lu pour essayer de comprendre ce qu’il était en train de se passer. J’ai lu sans tomber dans la peur. J’ai lu pour essayer de me reconnecter à ce pays qui était redevenu le mien, à cette actualité soudaine et sidérante. J’ai lu pour digérer et j’ai eu du mal. Mon corps a parlé, lui aussi il avait du mal. J’ai écouté, j’ai partagé, j’ai parlé. J’ai téléphoné à mes proches, pas tous encore. Je prends le temps, mon temps, je me respecte. Je sais ce que cela me fait d’écouter … alors je diffuse, j’infuse, une personne après l’autre.
Et puis j’ai vécu cette première semaine de confinement, si particulière, si étonnante, si imprévue. C’est fou tout ce qu’il peut se passer entre 4 murs, de vécus, d’émotions, de connexion au passé et au futur tout en étant branchée sur le présent.
Et puis hier soir mes enfants sont revenus et c’est une autre dimension qui s’ouvre …
Avec coeur ♡
Virginie
Mes mots semblent être en train de revenir … à suivre
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