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Et toi tu fais quoi ?



Je suis boulanger, je suis comptable, je suis chanteuse, je suis chef d’entreprise, et que ce passe t’il le jour où je ne suis plus ... ? Le jour où mon métier s’arrête, voulu ou non voulu ?

Je ne suis plus rien.

Le risque en formulant, en comprenant ainsi les choses est d’ancrer en soi que -moi égal mon métier- ou que -mon métier égal moi- et d’être tellement identifié à son métier que le jour où il n’est plus là et bien je ne suis plus là non plus, je n’existe plus, je n’ai plus d’identité, je ne sais plus qui je suis ni à quoi je sers.

Le risque aussi, en s’identifiant à son métier et tant que le métier est là, est de lui donner toutes ses ressources, toute son énergie, tout son temps. Normal puisque l’on croit que c’est à soi que l’on donne. C’est en fait une fuite de son énergie vers l’extérieur qui peut conduire loin dans le stress et l’épuisement, parfois jusqu’au burn-out et là encore,

je ne suis plus rien.

A la question, « et toi tu fais quoi ? », nous répondons « Je suis » et pourtant la question est bien posée. La personne qui pose cette question a surement envie de savoir ce que nous faisons comme activité(s) qui occupe(nt) notre temps et qui nous fait gagner l’argent qui nous permet de subvenir à nos besoins ?

Nous faisons, nous occupons, nous exerçons une activité, un métier, un travail. Nous ne sommes pas ce métier ou cette activité. Alors qu’est-ce qui nous fait répondre « Je suis comptable » et non « Je fais de la comptabilité ou j’exerce une activité de comptable » ?

Ça va plus vite me direz-vous et vous avez raison. Il est beaucoup plus rapide, plus simple de se gommer soi-même et de se coller l’étiquette de comptable ou boulanger. Et c’est ce qui se passe tout le temps et ceci depuis votre enfance, ce qui fait que vous y êtes habitué.

Vous avez été et vous êtes encore étiqueté dès que l’occasion se présente. Intello, grognon, paresseuse ou bosseuse, sensible, infernal …. Et puis ensuite livreur, acteur, coiffeuse ou conducteur de train, secrétaire, prof, médecin, chômeur … Nous sommes tellement habitués à recevoir et à coller des étiquettes que nous n’y prenons pas garde. Répéter à un enfant qu’il est comme ci ou comme ça l’enferme dans cette réalité, l’oblige à être comme ci ou comme ça, et il le deviendra.

Il est possible, utile, bénéfique, voire nécessaire de décoller ces étiquettes qui nous collent à la peau et de tout faire pour arrêter d’en coller aux autres. Retrouver la couleur et la douceur de notre peau, la laisser respirer et aspirer à être qui elle est.

Non, je ne suis pas mon métier. Même si celui-ci me passionne et me remplit de joie. Je suis une femme, un homme, un être humain qui exerce une activité avec laquelle je gagne de l’argent. Si demain cette activité s’arrête parce que j’ai choisi ou pas de l’arrêter, je suis toujours le même être humain. Avec mes qualités, mes compétences, mes ressources, mes besoins et mes envies. Avec mes forces et mes faiblesses qui font toute ma richesse et mon identité.

J’existe indépendamment de mon activité. Ou de mes activités, car qui a dit que l’on ne pouvait pas exercer plusieurs activités en même temps ? Si j’aime plusieurs activités, si la vie fait que j’ai besoin de plusieurs activités, si j’ai rencontré un jour l’opportunité d’une nouvelle activité en plus de celle(s) que j’ai déjà et bien je suis toujours le même être humain mais qui exerce plusieurs activités !

Et l’une ou l’autre peut s’arrêter un jour,

je serais toujours là.


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